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Ce matin je me suis livré à un petit exercice autour du monogramme de Charlemagne (Petit-fils de Charles Martel) consacré Carolus Magnus (Charles le Grand) pour vous permettre de comprendre un peu mieux le monogramme qui lui est associé en temps que signature par les historiens.
This morning I did a little exercise about the monogram of Charlemagne (Charles Martel Grand-son) – Carolus Magnus (Charles the Great) to help you understand better the monogram associated with it as a signature by historians.
Charlemagne est né entre 742 et 748 pour décéder en 814. Bien que sachant très bien lire de son vivant, savoir écrire lui faisait défaut, même si, Eginhard, un des ses proches conseillers tenta vainement de lui apprendre à écrire à la fin de sa vie de monarque.
Charles ne sachant pas écrire, les historiens s’accordent pour dire que, comme la majorité de la population de cette période, Charlemagne devait signer au départ comme tout le monde : en dessinant un trait vertical croisant un trait horizontal, le tout formant plus ou moins une croix.
Charlemagne was born between 742 and 748 and died in 814. Although he knew very well how to read in his lifetime, he lacked writing, though, Eginhard, one of his closest advisers tried in vain to teach him how to write at the end of his life as a monarch.
Since Charles was unable to write, historians agree on the fact that, like the majority of the population in those days, Charlemagne must have signed at the beginning like everyone else: by drawing a vertical line crossing a horizontal line, the whole forming more or less a cross.
Toujours selon les historiens, Eginhard serait à l’origine de la création du monogramme Carolus (Karolus). Toutefois, en tentant d’apprendre à écrire à Charles, il ne put certainement que lui permettre de mieux tracer le trait vertical croisant le trait horizontal. Faute de temps, le conseiller ne pu sûrement pas lui apprendre à maitriser le dessin des caractères (carolingiens ou caroline) que l’on retrouve aujourd’hui représentant sa signature.
Still according to historians, Eginhard is supposed to be behind the creation of Carolus monogram (Karolus). However, in attempting to teach writing to Charles, he could certainly do no better than enable him to draw a vertical line intersecting the horizontal line. For lack of time, the advisor could surely not teach him to master the drawing of the characters (Carolingian or Caroline) to be found today representing his signature.
Il est alors fort raisonnable de penser que Charlemagne ne devait signer ses documents qu’en traçant une croix et que l’un de ses conseillers complétait ensuite sa signature pour en faire le monogramme KAROLUS en y associant l’ensemble des lettres.
Même si Charlemagne dut certainement s’entrainer pour réaliser lui même sa signature, il est fort probable qu’il ne devint pas performant et que ses meilleures signatures devaient certainement ressembler à quelque chose de très rudimentaire comme cela :
So it is quite reasonable to think that Charlemagne would probably sign his documents only by tracing a cross and that one of his advisors then completed his signature afterwards to shape the monogram Karolus by involving all the letters.
Even if Charlemagne must have trained to perform his signature all by himself it is very likely that he never performed it correctly and that his best signatures must have more or less looked like something similar to this:
Reste que le monogramme de Charlemagne est une référence en tant qu’exemple de ce qu’est un monogramme : l’association de lettres ou de parties de lettres (chaque partie d’une lettre peut servir à une autre), le tout formant une image, un symbole, une trace ou un signe.
In anay case the monogram of Charlemagne is a reference as an example of what is a monogram: the combination of letters or parts of letters (each part of a letter can be used for another), the whole thing forming an image, a symbol, a mark or a sign.
La lecture démarre de gauche à droite (sens occidental) en commençant par la lettre K en passant par le centre pour lire un A, puis de haut en bas en partant du R en passant ensuite par le O du centre qui amène au L. En repassant par le centre, on lit le U et on termine à droite par le S. Cette direction de lecture nous fait lire KAROLUS (Carolus = Charles).
Reading starts from left to right (meaning Western) beginning with the letter K (1) going through the center to read an A, then from top to bottom starting from the R (2) in passing through the center O, which leads to L (3). Back through the center, we read the U and we finish on the right with S (4). Reading this way enables us to read Karolus (= Charles Carolus).
La forme graphique en forme de losange située au milieu du monogramme est le résultat d’une superposition des lettres A, O et U (qui s’écrit au début de la période Carolingienne comme un V (Notez que la lettre A à cette période peut s’écrire de 4 manières différentes).
The diamond-shaped graphic form in the middle of the monogram is the result of a superposition of the letters A, O and U (which is written as a V at the beginning of the Carolingian period (To be noted that the letter A in that period can be written in 4 different ways).
Toute les pensées iront spontanément vers le christianisme, Charlemagne s’étant fait couronné Empereur en l’an 800 par le Pape Leon III. En tant que tel, Karolus Magnus (Charles le Grand), bien qu’orthodoxe, se devait d’honorer la foi embrassée mais aussi asseoir son royaume notamment en frappant une monnaie à l’effigie de son règne (ce qu’il avait déjà fait à plusieurs reprises auparavant mais sans monogramme).
Everybody will spontaneously think of Christianity: Charlemagne was crowned Emperor in 800 by Pope Leo III. As such, Karolus Magnus (Charles the Great), although he was an Orthodox, had to honor the faith he had embraced but also establish his kingdom by striking a particular currency bearing the effigy of his reign (which he had already done several times before but without a monogram).
Reste que, comme nous l’avons vu plus haut, pour signer quand on ne sait pas écrire, on trace une croix !
On ne peut alors que souligner Eginhard qui a su faire d’une faiblesse un point fort, alliant un signe à tracer le plus simple du monde avec d’une part la signature d’un individu et d’autre part une foi religieuse qui embrassait alors l’Europe.
Anyhow, as we have seen it before, when you cannot write and have to sign, you draw a cross!
Here Eginhard’s genius should be underline: he turned a weakness into a strength, combining the easiet sign to draw, with the signature of an individual and the one hand, and on the other hand with a religious faith which Europe embraced at that time.
Les sources qui ont servies à élaborer cet article :
The sources that have been used to develop this article:
Wikipedia : Charlemagne
La France pittoresque : Roi Charlemagne
Même si la lecture du monogramme est quelque peu difficile à faire pour un(e) non initié(e),j’ai trouvé l’approche didactique intéressante et instructive. En auriez-vous d’autres?
Est-ce qu’une vidéo mettant en mouvement la réalisation du monogramme serait intéressante, voire utile?
Votre site est d’une grande lisibilité et élégance. Bravo
Merci pour le retour sur cet article. Oui je prépare d’autres articles sur la même thématique.
En effet une courte vidéo rendrait encore plus accessible la lecture de ce monogramme. Faut juste que je trouve un peu de mon temps pour réaliser cela.
Cdrt
Votre analyse du monogramme de Charlemagne est très interessante,
je suis également dans la tentative d’interpretation des marques
lapidaires, il me semble qu’il serait interessant que nous fassion connaissance.
Salutations
Claude OBERLIN
Merci pour votre retour Claude, 🙂
J’aime beaucoup votre site : http://www.glyptographie.fr/ et je me permet de le poster ici et le recommander à tous.
Je prends contact avec vous par messagerie.
Cdrt
Bonjour,
Merci pour vos recherches très intéressantes, toutefois dans le 1er paragraphe vous écrivez: Charlemagne (Charles Martel), excusez moi mais Charlemagne et Charles Martel sont 2 personnages complètement différents. Il était le grand père de Charlemagne.
Cordialement
Forence
Bonjour Florence et merci pour votre remarque 🙂
C’est exact, vous avez raison et nous avons corrigé cette erreur rédactionnelle.
Bonne journée,
Cdrt
Bonjour
Je ne voit pas de faute. Vous dites bien Charlemagne petit fils de Charles Martel, ce qui est tout à fait juste. Bravo pour votre article, mais il me reste une question. Le u est prolongé en y; Savez vous pourquoi?
Merci.
Bonjour Antonio et merci pour votre retour,
Plusieurs regards pour nourrir notre réflexion sur ce “U/Y” :
Concernant la lettre “U”, coté occidental elle semble être une évolution de notre écriture et il y a fort à penser que c’est en changeant d’outil ou d’accessoire d’écriture que cela en a changé la physique (on ne dessine pas exactement la même lettre selon que l’on dessine (rapidement ou lentement) une lettre ou un signe avec un burin, une plume encrée, un stylo ou bien même un marqueur (faites l’exercice en associant une notion de vitesse et de lenteur d’écriture :-)).
Par ailleurs, il semble que la lettre “U” n’existait pas dans l’antique alphabet latin et reste un dérivé (évolution) de la lettre “V” (on le voit très bien dans les gravures lapidaires romaines que le “V” est aussi utilisé comme un “U”). On trouvera d’ailleurs jusqu’au moyen âge l’utilisation de ces 2 lettres.
Ce que l’on peut constater : Le passage d’une écriture en capitale vers une manuscrite (vers le VIII siècle après JC avec la caroline) a permis à l’Homme d’écrire plus vite et donc par son geste plus rapide, accentuer et arrondir certaines parties de la physique des lettres (c’est typiquement le cas du passage d’une écriture en capitale vers une écriture en minuscule). Ainsi même avant le Vème siècle avant JC on trouve des “U” (en fait des “V”) avec un “fût” (partie verticale d’une lettre) qui devient une “jambe” (partie verticale descendante d’une lettre) qui descend plus que l’autre jusqu’à en former un “Y”. On utilisait donc bien les deux.
Il est important de noter aussi que le “Y” (epsilon) est issu du Grec, les langages et les usages de langages se croisant tout au long de l’histoire, il y a fort à penser que utiliser un “Y”, un “U” ou un “V” permettait de faire des nuances phonétiques selon chaque culture et donc d’utiliser même parfois des lettres différentes pour exprimer une même idée avec toute la richesse des nuances de sa propre culture (la lettre “Y” (Grec) est parfois commentée comme ayant donné naissance aux lettres u, v et w).
Je suis tombé sur votre site par hasard en étudiant l’histoire de Charlemagne, les explications que vous avez donnés sont claire et nette.
Bon travail, mais je pose à nouveau la même question qu’un autre internaute vous a posé. Avez vous d’autres monogrammes avec leurs explications ? Je suis tombé récemment sur un livre par Rudolf Koch publié en 1980 “Le livre des signes” dans ce livre il y a tout un chapitre consacré aux monogrammes. Ils les montrs mais ne donne pas d’explications… par exemple il y a la monographie de Otho le Grand, Pépin le Bref, l’Empereur Justinien, l’évêque des Goths Ulphilas et bien d’autres. Je vous le recommande.
Bonjour Gérald,
Passionnant d’étudier l’histoire de Charlemagne !!!
Merci pour votre retour, et pour répondre à votre question “Avez vous d’autres monogrammes avec leurs explications ?”, en fait non car cela n’est pas mon métier (travailler sur les monogrammes ne me fait pas vivre, c’est simplement un de mes plaisirs variés et une passion :-).
Ceci dit je veux bien me prêter à l’exercice (laissez moi un peu de temps 🙂 ), les exemples que vous citez semblent de belles bases pour y travailler dessus.
Je ne connais pas “Le livre des signes” et je vais m’empresser de regarder cela de près.
A très vite …
Bonjour, merci pour cet article! Je suis tombée dessus en cherchant le nom que portait “Charlemagne” quand il était enfant… Je n’ai pas de réponse à ma question mais je réalise que je porte le nom d’une écriture (j’adore écrire!), ça me fait tripper! 😀
Bref, à tout hasard, auriez-vous une idée, au sujet du nom par lequel on appelait le petit Charles quand il faisait une bêtise?! Est-ce que c’était juste “Charles” ou plutôt “Karl” ou autre chose?
Bonjour Caroline,
Je suis sincèrement désolé, mais pour xx raisons, je n’ai pas vu passer votre publication 🙁
Génial, votre question !! Je n’ai pas la réponse à cet instant, mais on va chercher cela…
L’idéogramme sumérien n°61 du Manuel d’épigraphie akkadienne de René Labat est très intéressant pour comprendre l’idéogramme de Charlemagne (Charlemagne = “l’homme grand” comme le LU-GAL, le “roi” en sumérien, “l’homme grand”).
Le signe IGI MU, œil élevé, voulait dire début de l’année, MU-AN-NA “haut ciel pierre” année… Il représentait donc la totalité du cycle solaire et il voulait dire aussi inscription MU-SAR, littéralement haut-jardin, haute-totalité…
Les symboles sont décidément bien voyageurs, dans l’espace et dans le temps, dans le temps et l’espace…
Bien cordialement,
A-L Le Goff